Le musée Magnelli, musée de la céramique
Exposition temporaire
Gilbert Portanier, le chemin du rêve
Du 19 octobre 2024 au 27 janvier 2025
Le musée Magnelli, musée de la Céramique est heureux de proposer à ses visiteurs, une exposition monographique en hommage à Gilbert Portanier, artiste emblématique de la ville de Vallauris, disparu en 2023. Surnommé à raison « le magicien des couleurs », ce céramiste, peintre et sculpteur français, né à Cannes en 1926, a indéniablement contribué au renouveau de la céramique française depuis les années 1950 jusqu’à nos jours. À travers un ensemble de près de 100 pièces – sculptures, céramiques et gravures –, l’exposition Gilbert Portanier : le chemin du rêve illustre les différents moments d’un des grands noms de la céramique contemporaine, mettant en lumière les œuvres significatives de sa carrière.
Gilbert Portanier suit une formation en architecture et en peinture à l’École des Beaux-Arts de Paris de 1945 à 1948. Au cours de l’été 1948, il part à Vallauris avec ses amis Albert Diato et Francine Del Pierre tenter l’aventure céramique. Ensemble, ils fondent le Triptyque et se forment à ce matériau. Alors qu’Albert Diato et Francine Del Pierre retournent à Paris, Gilbert Portanier fait le choix de s’installer à Vallauris. Il fonde son propre atelier en 1954 dans une ancienne poterie devenu aujourd’hui l’atelier galerie Gilbert Portanier.
Son travail est très tôt remarqué, notamment en Allemagne dès 1954 où ses œuvres sont depuis lors régulièrement présentées, et aussi sur le continent américain. De nombreux prix et récompenses viennent par la suite jalonner une longue carrière émaillée de succès.
Assumant pleinement sa filiation avec Picasso dont il a intégré la première leçon, celle de la liberté, il aborde la céramique en peintre tout en faisant preuve d’une grande maîtrise technique tant dans le façonnage - tournage mais aussi estampage et moulage - que dans le travail des émaux dévoilant une œuvre délicate et élégante.
Au travers d’un parcours chrono-thématique, l’exposition par le musée souhaite offrir à ses publics une sélection d’œuvres emblématiques illustrant l’évolution du style de Gilbert Portanier et l’étendue de son talent.
Ses premières créations présentent des motifs, souvent abstraits, témoignant de son goût pour la calligraphie avant qu’il ne développe une iconographie plus figurative explorant différentes thématiques en s’attachant toujours aux rapports entre graphisme et couleur. Dans les années 1950, les formes traditionnelles, toujours finement tournées, sont appréhendées comme des supports picturaux. La composition se déploie sur des assiettes ou des bouteilles dont les bords par l’utilisation d’aplats de couleur permettent de créer des effets d’encadrement. Par la suite, il continue ses recherches, notamment sur les émaux et expérimente différentes techniques de réalisation. Il évolue vers une approche plus sculpturale et plus libre formellement, jouant pleinement des relations entre le volume et le décor dans des pièces à la taille de plus en plus imposante.
L’exposition Gilbert Portanier : le chemin du rêve présente également un ensemble de gravures de l’artiste permettant d’illustrer la diversité de ses approches ainsi que des pièces créées lors de sa collaboration avec la manufacture Rosenthal.
Cet événement est ainsi une invitation non seulement à découvrir ou redécouvrir l’œuvre d’un céramiste majeur qui a contribué au renouveau de la céramique française des années 1950 à nos jours, mais aussi à se laisser aller à la rêverie.
Du prieuré au musée
Le musée Magnelli, musée de la céramique est installé dans un ancien prieuré des moines de Lérins, seigneurs de Vallauris du XIe au XVIIIe siècle. Le bâtiment actuel date du XVIe siècle et abrite un escalier Renaissance remarquable, inscrit à l'Inventaire des Monuments Historiques depuis 1951. Seule la chapelle témoigne de la construction médiévale.
Après la Révolution française, le bien est vendu à la famille Daumas. Il devient un lieu d'habitation. Au cours des années 1930, émerge l'idée d'en faire un musée. Le projet est relancé à la fin des années 1940 sous l'impulsion de René Batigne et son épouse Claire Voight Batigne. Ce couple de collectionneurs mécènes, franco-américain, s'installe à Vallauris alors qu'un élan créatif sans précédent se dessine. Ils fondent l'atelier du Tapis-Vert, lieu de création et participent activement au renouveau de la vie artistique et culturelle de Vallauris au cours des années 1950. Ils s'intéressent à la chapelle à l'abandon, la remettent en état et souhaitent y créer un musée. En 1949, une première exposition, De Palissy à Picasso est inaugurée et le 7 décembre 1951, ils fondent l'Association des Amis du Musée. En 1952, Picasso crée pour la chapelle La Guerre et la Paix qu'il donne à l’État français, le musée national est inauguré en 1959.
Le projet d'un musée municipal est relancé au cours des années 1960. La Ville de Vallauris achète le bâtiment en 1972. Quatre ans plus tôt est inaugurée la Biennale Internationale de Céramique d'Art, concours de céramique. Dès la première édition, le principe est inscrit selon lequel les œuvres primées deviennent propriétés du futur musée, constituant ainsi le socle de la collection.
Le 8 juillet 1977, le musée est inauguré et en 1996, il prend le nom de musée Magnelli, musée de la céramique.
Les collections du musée
Les collections du musée mettent en lumière le remarquable patrimoine artistique, artisanal, culturel et humain de la ville. Elles s’articulent autour des œuvres de deux personnalités emblématiques de la modernité au XXe siècle : Pablo Picasso et Alberto Magnelli. La présentation d’œuvres céramique témoigne de la riche histoire de ce médium à Vallauris : de la production culinaire traditionnelle aux innovations techniques et esthétiques de la céramique artistique. Les collections contemporaines développées autour des œuvres primées aux Biennales et du design attestent de la vitalité du matériau terre.
La collection céramique
Vallauris et la céramique
La céramique est un terme générique pour désigner l’art et la technique qui consiste à transformer des matières premières minérales (les argiles pour la plupart) par le feu.
À Vallauris, la qualité de la terre locale, une terre réfractaire c’est-à-dire résistante à la chaleur et qui ne donne pas de goût aux aliments, la présence de matières premières comme l’eau et le bois ainsi que l’arrivée de potiers venus de Ligurie repeupler la ville au début du XVIe siècle sont autant d’éléments qui permettent à la céramique de se développer progressivement au point de devenir l’activité principale aux XVIIe et XVIIIe siècles.
La production de marmites et autres ustensiles de cuisine font la réputation de la ville qui connait son apogée au XIXe siècle. Au cours de ce siècle, se développe aussi la céramique artistique portée par la famille Massier. La ville connait un déclin profond dans la première moitié du XXe siècle, mais les années 1950 offrent un renouveau au travers d’une nouvelle génération d’artistes.
Les collections du musée permettent d’explorer la richesse de la céramique à Vallauris: les productions utilitaires, la naissance de la céramique artistique avec la famille Massier, le foisonnement artistique des années 1950, les artistes venus dans les ateliers découvrir ce matériau.
La production culinaire et utilitaire
Si des traces archéologiques attestent de la production de céramique dès l’Antiquité, c’est véritablement à partir du XVIe siècle et le repeuplement de Vallauris par les familles venues de Ligurie que débute la production céramique spécifique au territoire.
Les maîtres potiers à terre de Vallauris se spécialisent dans les productions culinaires dont les pignates (marmites) et poêlons sont les exemples les plus caractéristiques.
Dans un premier temps, les pièces sont uniquement vernissées à l’intérieur. À partir du XVIIIe siècle, apparaît le jaspé : décor de motifs abstraits obtenus par coulure ou éclaboussure d’un ou plusieurs colorants (oxydes ou engobes).
Grâce aux possibilités d’exportation par voie maritime, puis par le chemin de fer, la seconde moitié du XIXe voit l’essor de cette industrie : le nombre d’ateliers est en hausse, les fabriques s’agrandissent et une organisation commerciale et industrielle se met en place.
La concurrence de nouveaux matériaux des ustensiles de cuisine amène à un lent déclin de cette industrie au début du XXe siècle avant de s’effondrer au cours des années 1930. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le manque de fonte et d’aluminium donne un sursaut à la production culinaire mais il s’agit d’un sursaut de courte durée car la plupart des fabriques cessent leurs activités dans l’immédiat après-guerre.
Toutefois, dès les années 1930, certaines usines cherchent à se diversifier et développent alors une production dénommée « poteries provençales ou rustiques », composée de pièces décoratives ou utilitaires ; apparaissent alors des pichets, des services de table… Ces usines telles que Foucard-Jourdan, Saltalamacchia, Milazzo continuent de fonctionner jusqu’aux années 1980-1990.
La céramique artistique : les Massier
Installés à Vallauris depuis le XVIIIe siècle, les ateliers Massier sont spécialisés, comme les autres fabriques de la ville, dans la production de poterie culinaire.
Un tournant décisif est donné par Jacques Massier (1806-1871) lorsqu’il embauche Gandolfi Gaetano en 1859.
Cet Italien, natif de Bologne, forme les fils de Jacques, Clément (1844-1917) et Delphin (1836-1907), à de nouvelles techniques de façonnage (notamment les moules en plâtre) et d’émaillage.
Progressivement, leur production s’oriente vers la céramique artistique s’éloignant des objets traditionnels. Le développement des manufactures des frères Massier et de leur cousin Jérôme (1820-1909) s'inscrit dans le contexte du développement de la Côte d'Azur.
Ils innovent également par leur réseau de diffusion : catalogues de vente, publicité, cartes postales et participent à de nombreux salons et expositions, notamment les Expositions Universelles.
Enfin, la famille Massier se distingue par ses recherches sur les émaux, en particulier les lustres métalliques, et les formes. Ils font appel à de prestigieux collaborateurs comme le peintre Lucien Lévy-Dhurmer.
En accord avec l’esprit éclectique de l’Art nouveau de la seconde moitié du XIXe siècle, leurs décors empruntent à l'art hispano-mauresque, néo-renaissance, japonisme, au naturalisme… Si les formes (vases, plats…) restent toujours liées à un répertoire utilitaire, leurs créations font preuve d’une grande finesse dans la conciliation entre le volume et les décors.
À la suite des Massier, des céramistes, comme le groupe B.A.C.S, continuent au début du XXe siècle, une production artistique.
La céramique artistique : les années 1950
Dans les années d’après-guerre, toute une nouvelle vague de jeunes créateurs vient tenter à Vallauris l’aventure de la céramique, certains pour quelques années, d’autres plus durablement. Formés dans des écoles d'art ou autodidactes, ces jeunes gens désireux d’oublier la période précédente et attirés à la fois par la douceur de vivre méditerranéenne et les ressources locales, humaines et matérielles encore présentes à Vallauris, donnent un nouveau souffle à la ville ; souffle décuplé par l'arrivée et l'installation de Pablo Picasso à Vallauris.Après les difficultés de la guerre et portés par l’insouciance de la jeunesse, ils souhaitent, en s’emparant du matériau terre, donner forme à leur enthousiasme.
Il est difficile de parler d’un style Vallauris tant les expressions artistiques apparaissent multiples, mais l’ensemble donne à voir une vitalité et une inventivité tant dans les volumes que dans les décors. En libérant les formes, les objets utilitaires prennent une nouvelle ampleur et développent une dimension sculpturale. Les expérimentations les poussent à des recherches sur les surfaces, développant des compositions picturales ou des motifs graphiques selon leur tempérament.
Si le parcours est semé d’embûches, ils se lancent avec passion et le désir de faire revivre cet art millénaire au travers des expressions artistiques contemporaines mais aussi la ville elle-même. C’est ainsi qu’une vie culturelle et festive, peu à peu, se met en place.
La céramique artistique : céramiques de peintres et de sculpteurs
Les amitiés et collaborations artistiques de Picasso attirent sur la commune, différents artistes: poètes, peintres et sculpteurs comme Éluard, Cocteau, Prévert, Matisse, Mirò, Chagall. La majorité d’entre eux vont s’initier à la céramique, certains, de manière anecdotique d’autres de manière plus approfondie. Deux ateliers accueillent principalement ces artistes : Madoura et l’Atelier du Tapis-Vert.
Madoura
Suzanne Ramié s’installe à partir de 1938 dans une fabrique désaffectée, datant du XIXe siècle. Tandis qu’elle assume la partie création, à partir de 1941, son mari Georges Ramié l’aide dans le fonctionnement de l’atelier et l’atelier prend alors le nom de Madoura (acronyme des mots MAison, DOUly, nom de jeune fille de Suzanne et RAmié).
Après-guerre, le couple Ramié contribue activement, avec toute la nouvelle génération d’artistes, au renouveau de la céramique vallaurienne et de la vie culturelle de la commune. Madoura prend une dimension de premier ordre en accueillant à partir de 1947 Pablo Picasso. Dans son sillage, l’atelier accueille de nombreux artistes, écrivains, poètes, peintres, sculpteurs, céramistes tels que Marc Chagall (Catalogue raisonné des céramiques de Marc Chagall), Victor Brauner, Sébastien…
L’Atelier du Tapis Vert
Après un long séjour aux Etats-Unis pendant la seconde Guerre mondiale, René Batigne (1888 - 1982) et Claire Voight Batigne (1885 – 1977), fondateurs de l’Atelier du Tapis Vert, reviennent en France après la guerre. Installés à Cannes, ils renouent des relations avec Picasso et emménagent à Vallauris dans l’ancien prieuré des moines de Lérins, actuel musée Magnelli, musée de la céramique.
En 1950, ils décident de louer une ancienne poterie et d’en faire un lieu de création et d’exposition : l’Atelier du Tapis Vert. Ils engagent une petite équipe et invitent leurs amis artistes avec la volonté d’associer démarche artistique et savoir-faire local. Parmi eux, une personnalité se dégage et reste liée à cette aventure, celle d’Anton Prinner qui crée (et loge) dans l'Atelier du Tapis Vert pendant près de quinze ans. Dans l’atelier, sont réalisées des pièces uniques, des éditions et également des commandes.
Les Batigne sont également très impliqués dans la vie culturelle de Vallauris, ils décident de transformer l’ancienne chapelle du prieuré en musée ; le lieu est inauguré en 1949 avec l’exposition de céramique De Palissy à Picasso. À partir de 1950, sous leur direction, des expositions inédites et itinérantes consacrées aux arts du feu dans le monde sont organisées au Nérolium et à l’étranger.
La collection Picasso
Les liens tissés entre Pablo Picasso et Vallauris après la Seconde Guerre mondiale sont des liens à la fois artistiques et humains. Picasso vit à Vallauris de 1948 à 1955 mais l’histoire débute avant et se prolonge jusqu’à sa mort. Le musée présente un ensemble de céramiques, linogravures et photographies témoignant de ces liens et l’intense activité artistique de Picasso durant cette période. Un film Picasso, les années Vallauris retrace cette période féconde.
Depuis l'automne 2022, le musée accueille 16 nouvelles céramiques, pièces uniques, toutes dédicacées à Suzanne Ramié.
Picasso et la céramique
Entre 1947 et 1971, Pablo Picasso produit un ensemble conséquent de céramiques, estimée entre trois mille cinq cent et quatre mille pièces uniques. Elles ont été toutes réalisées à Vallauris, dans l’atelier Madoura.
En 1946, l’exposition Poteries – Fleurs – Parfums, exposition annuelle qui se tient dans la coopérative agricole, le Nérolium, reçoit la visite de Picasso alors en vacances à Golfe-Juan ; il se rend à l’atelier Madoura et modèle trois pièces. Ce n’est pas la première fois que Picasso aborde la céramique mais cette fois-ci, il semble prêt à se l’approprier puisque dans l’année qui suit, il dessine de nombreux croquis préparatoires. L’été suivant, à nouveau en vacances à Golfe-Juan, il retourne à l’atelier Madoura et constate que les époux Ramié ont pris soin de faire cuire ses pièces. Dès lors, Picasso investit l’atelier et commence son étonnante et riche production céramique.
Picasso a toujours su s’approprier des formes plastiques et visuelles très variées, n’hésitant pas à revisiter l’histoire de l’art. Sa pratique de la céramique n’échappe pas à la règle et tant au niveau des formes que de l’iconographique, l’artiste se nourrit de l’histoire de cet art ancestral et universel. Les œuvres de Pablo Picasso réalisées en céramique apparaissent abondantes et innovantes : il s’approprie, détourne, réinterprète en revisitant l’histoire de ce médium dans la diversité de ses sources.
L’intensité de la production picassienne monopolisant l'activité de l'atelier Madoura, il est proposé qu’une partie des pièces céramique soit éditée en tirage limité et en exclusivité par Madoura, comme cela se fait pour la gravure. Sur les milliers de pièces céramique crées par Picasso, 633 seront éditées en exclusivité par Madoura. Les modèles sont choisis conjointement par Picasso et Suzanne Ramié en fonction des possibilités techniques de la reproduction.
Deux procédés sont utilisés : l’empreinte originale (transfert d’un sujet gravé par estampage) et la réplique authentique (réplique exacte du volume et décor). Les éditions céramique soulignent la volonté de rendre accessibles les œuvres céramique de Picasso.
Picasso et la linogravure
Tout au long de sa vie, Picasso a pratiqué les techniques les plus diverses de la gravure. La période de Vallauris reste associée à une technique nouvelle pour Picasso: la linogravure, découverte grâce à Hidalgo Arnéra, jeune imprimeur vallaurien. Picasso s’empare de cette technique, peu prisée car utilisée pour des impressions commerciales, qu’il transcende en utilisant toutes ses qualités techniques: de grands aplats colorés et un trait souple, facile à graver dans le linoléum.
Picasso collabore avec Arnéra à partir de 1951 pour l’impression des affiches des expositions annuelles du Nérolium. En 1954, ils décident de réaliser l’affiche du premier festival taurin de Vallauris selon le procédé de la linogravure. L’utilisation de cette technique permet d’associer, dans un même traitement plastique, le texte et le dessin.
L’intérêt de Picasso pour la linogravure l’amène à l’envisager comme un moyen de création à part entière, pour des œuvres artistiques. Dès lors, il s’attache à en repousser les limites. Il abandonne alors la technique traditionnelle, où un bloc différent est taillé pour chaque couleur et utilise un bloc unique : le même bloc est re-gravé après chaque tirage de couleur. Il inverse aussi l’ordre habituel du passage des couleurs et utilise les outils habituels du graveur comme d’autres moins conventionnels. Ses expérimentations obligent systématiquement Hidalgo Arnéra à chercher de nouvelles solutions techniques. À partir des linoléums gravés, Picasso crée aussi des linocéramiques, technique alors complètement nouvelle (un plateau de linoléum est surmoulé en plâtre puis estamper sur une plaque de terre. Le transfert par surmoulage suivi de l'estampage sur la plaque permet d'obtenir un dessin parfaitement identique au linoléum gravé et rendre sensible tout le travail de gravure.).
Ainsi, entre 1954 et 1968, leur collaboration, qui dépasse largement la période vallaurienne de Picasso, permet la création de près de deux cents linogravures.
En savoir + sur Pablo Picasso
La collection Magnelli
Un artiste, une œuvre, une collection
Né à Florence en 1888, dans une famille de commerçants, Alberto Magnelli choisit, à partir de 1907, de se consacrer à la peinture. Il se forme en parcourant les églises de Toscane et en apprenant des maîtres du Quattrocento, notamment Piero della Francesca les leçons de construction de l'espace.
Au cours des années 1910, le processus de simplification des formes et d'utilisation de la couleur amène Alberto Magnelli à opérer un premier passage à l'abstraction, ce qui le situe parmi les pionniers de ce mouvement artistique, apparu au début de la décennie. Il revient très vite à la figuration. Au début des années 1930, Alberto Magnelli travaille à la série des Pierres avec laquelle il s'intéresse à des objets et autres matériaux. À la fin de la décennie, débute la période de la seconde abstraction qu'il développe jusqu'à la fin de sa vie.
Pendant la guerre, Alberto Magnelli se réfugie à la Ferrage près de Grasse. Après la guerre, il y revient tous les étés. Il fréquente alors les artistes installés sur la Côte d'Azur dont Picasso à Vallauris. En 1964, Suzanne et Georges Ramié lui consacre une exposition à la galerie Madoura et il collabore avec Hidalgo Arnéra autour de la technique de la linogravure.
Tout au long de sa carrière, Alberto Magnelli affirme sa liberté de créateur et son indépendance vis-à-vis de toutes écoles et de tous mouvements. Toutefois, il noue des amitiés durables parmi les avant-gardes italiennes d'abord puis européennes lors de ses séjours à Paris, alors capitale de l'art. Il s'installe en France en 1931. Ses peintures, souvent traitées en série, sont précédées ou accompagnées de dessins.
Les Magnelli de Magnelli
«Je possède encore – je n'ai jamais voulu m'en séparer car elles sont utiles et nécessaires à la démonstration de mes recherches – une série de toiles où l'on peut suivre en passant de l'une à l'autre l'évolution de toute une synthèse» - Alberto Magnelli, 1965
Ces œuvres, jalons essentiels de son œuvre, Alberto Magnelli souhaitait qu'elles soient conservées ensemble dans un lieu près de Grasse après sa mort qui survient en 1971. Georges Tabaraud, directeur du journal communiste le Patriote Côte d’Azur, joue un rôle actif dans le rapprochement entre la municipalité de Vallauris, dirigée par Paul Derigon, membre du P.C.F et la veuve de l’artiste, Susi Magnelli. Elle décide de faire don de cette collection à la ville et à son futur musée. « Les Magnelli de Magnelli » deviennent « les Magnelli de Vallauris », socle de la collection. Depuis, des dons, dépôts et achats ont enrichi le fond, notamment des œuvres témoignant d'autres approches techniques de Magnelli : collage, ardoise, lithographie, tapisserie…
Cette collection unique et exceptionnelle permet un voyage dans l'œuvre de l'artiste, pionnier de l'abstraction.
En savoir + sur Alberto Magnelli
La collection Céramiques contemporaines
Les Biennales de Vallauris
Après l'euphorie créatrice des années 1950, les céramistes de Vallauris souhaitent faire de la ville un centre culturel. Ils créent en 1966 le Concours National de la Céramique d’Art dont « le but (…) est d’encourager et de développer dans le domaine de la céramique la recherche d’innovations, la création pure et l’innovation des techniques ».
Le commissariat du concours est assuré par le céramiste Marcel Giraud, l’un des principaux instigateurs de cette manifestation. Il est assisté par d’autres artistes de la commune. Ce comité d’organisation souhaite que « la confrontation des meilleurs potiers nationaux crée un esprit d’émulation et de création ».
Très vite, apparaît l'idée d'une confrontation internationale et deux ans plus tard, en 1968, naît la première Biennale Internationale de Céramique d’Art sous le commissariat général de Marcel Giraud et d’Alexandre Kostanda. Dès lors, un concours est lancé tous les deux ans.
Première du genre en France, la Biennale s'impose très vite comme une manifestation de référence dans le monde de la céramique.
Près de quatre cents œuvres issues des Biennales de Vallauris figurent dans les collections permanentes du musée Magnelli, musée de la céramique offrant ainsi un panorama de la création artistique céramique de ces soixante dernières années.
De la domination du grès dans les années 1960 aux performances et installations de ces dernières années, le concours a permis l'émergence de nouvelles générations d’artistes.
Tout au long de ce demi-siècle, la Biennale de Vallauris a su évoluer afin de mieux s'adapter. Elle a indéniablement contribué à la renommée de Vallauris. Au-delà de son histoire particulière, elle apparaît aussi comme le reflet de la mutation du médium céramique même.
Le design
Le design peut s'entendre comme une discipline liée à la conception de l'objet qui tend à la recherche d'un accord entre forme et fonction.
Le musée Magnelli, musée de la céramique possède un ensemble remarquable d'œuvres au travers desquelles des designers ont revisité l'art de la céramique.
En 1998, le Ministère de la Culture et de la Communication et la Ville de Vallauris lancent l’opération «Deux designers à Vallauris». Tous les ans, deux designers ont été invités à concevoir un projet réalisé par un atelier de Vallauris revisitant la tradition de la production utilitaire de la ville.
Ainsi, de 1998 à 2002, de grands noms du design ont été accueillis :
- Olivier Gagnère / Atelier Gerbino, Yvan Koenig
- Martin Szekely / Atelier Lou Pignatier, Gilles Compas et Louis Mathieu
- Pierre Charpin / Atelier Jacques Bro
- Jasper Morrison / Atelier Antoine Betta, Sébastien Berthaud et atelier Barragona
- François Bauchet / Atelier Gabriel Musarra
- Ronan Bouroullec / Atelier Claude Aïello
- Roger Tallon / Atelier Salvatore Oliveri et atelier de moulage Sébastien Berthaud
- Radi designers / La Poterie d’Amélie
- Frédéric Ruyant / Atelier Claude Aïello, atelier de moulage Martial Quéré
- Patrick Jouin / Atelier Gérard Crociani
Cette manifestation a ouvert la voie à des collaborations fructueuses qui ont perduré au-delà de l’opération, comme celle du céramiste Claude Aïello avec de nombreux designers : Nicolas Bovesse, Fernando et Humberto Campana, Adrien De Melo, Florence Doléac, David Dubois, Duende Studio, Jean-Baptiste Fastrez, Christian Ghion, Mathieu Lehanneur, Laurent Nicolas, Hervé Thomas, Renaud Thiry…
Les collections Design du musée ont été également enrichies, depuis 2006, grâce aux Biennales Internationales de Vallauris. En effet, à partir de la 19ème édition, une section « Design » a été instituée accompagnée d’un prix. Lors de certaines éditions (en 2014 et 2019), des workshops ont été également organisés créant des rencontres entre jeunes designers et les artisans locaux.
L’ensemble de la collection permet de souligner le lien essentiel entre le regard du designer, traduit en dessin, et la main du céramiste qui donne forme à ces créations, un dialogue harmonieux en équilibre entre beauté et utilité.
La collection photographique
Le musée Magnelli, musée de la céramique possède une collection de deux cent photographies d’André Villers (1930 - 2016), prises entre 1953 et 1961.
Né à Beaucourt (Territoire de Belfort), c’est à Vallauris qu’André Villers apprend la photographie alors qu’il est en convalescence au centre Hélio-Marin. Il rencontre Picasso en 1953, qui lui offre son premier rolleiflex. « C’est moi qui t’ai mis au monde » dira plus tard Picasso. Villers exécute le portrait de nombreux artistes (Prévert, Magnelli, Dali, Chagall …) et réalise des milliers de clichés de Picasso, témoignant de l’intégration de Picasso à la vie de la cité vallaurienne. Ensemble, ils créent une œuvre à quatre mains Diurnes dont 30 clichés seront publiés dans un album accompagnés d’un texte de Jacques Prévert.
André Villers a immortalisé également les rues de Vallauris. Dans ses clichés, s’observent les magasins et les maisons de l’époque, les poteries et leurs fumées, mais aussi les gens, les enfants, leurs jeux, la mode vestimentaire… Ce patrimoine photographique, en noir et blanc, donne à voir la vie des Vallauriens dans leur quotidien, à ressentir parfois leurs émotions.
Le service des publics
Le service des publics assure le lien entre un patrimoine, une collection, une œuvre, un artiste … et tous les publics.
Groupes
Enfants et adolescents sont accueillis dans les temps scolaire et extra-scolaire (vacances) en groupe :
- scolaires,
- structures de la petite enfance,
- ALSH,
- associations,
- groupes de personnes aux besoins spécifiques : publics du champ social ou en situation de handicap (notamment les personnes mal et non voyantes, mal entendantes et sourdes, en situation de troubles psychiques, intellectuels et cognitifs).
Programme 2023/2024 : Programme EAC 2023/2024
Individuels (jeune public, ados, adultes et famille)
Visites et ateliers créatifs autour des collections permanentes du musée et des expositions temporaires sont proposés à chaque période de vacances et lors des événements nationaux et locaux : Nuit européenne des musées (mi-mai), Journées européennes du Patrimoine (3e week-end de septembre), Fête Picasso (début juillet)… aux enfants et adolescents de 4 à 16 ans, et à leurs familles.
Parcours tactile céramique
Mis en place pour le public mal et non-voyant, mais aussi pour tous ceux qui aiment apprendre du bout des doigts, le parcours tactile céramique permet à chacun une approche multi-sensorielle de ce médium utilisé de manière ancestrale et traditionnelle par nos potiers, mais aussi de façon artistique par Picasso qui travailla plus de 10 ans à Vallauris et décora plus de 3600 pièces d'argile.
La librairie-boutique
La librairie-boutique est en libre d'accès (visiteurs ou non visiteurs du musée).
Elle propose un large choix d'ouvrages (catalogues d'exposition, manuels de pratiques, monographies, livres jeunesse) dédiés principalement à la céramique et à Picasso. Vous y trouverez aussi de nombreux produits dérivés : magnets, carterie, affiches, mugs, tote-bags.... ainsi que des éditions d'art (soieries, tissages).
Jours et horaires d'ouverture de la librairie boutique
Tous les jours, sauf le mardi.
Du 16 septembre au 30 juin, de 10h à 12h et de 14h à 16h45
Du 1er juillet au 15 septembre, de 10h à 12h15 et de 14h à 17h45
Paiement : accepté en espèces (en euros) et avec carte bancaire (Visa, Mastercard).
Le centre de documentation
Le centre de documentation vous accueille sur rendez-vous du lundi au vendredi de 8h30 à 12h00 et de 14h00 à 17h00.
La bibliothèque compte de nombreux ouvrages de référence et des catalogues d’expositions autour des domaines de nos collections : la céramique, Picasso et Magnelli. Des livres spécialisés en histoire de l’art sont également disponibles ainsi que des revues.
Le centre de documentation propose également un fonds documentaire (dossiers d’artistes, histoire de Vallauris).
Le centre de documentation est accessible à tous les publics (chercheurs, étudiants, amateurs, publics du musée…). Les ouvrages sont consultables uniquement sur place.
Les infos pratiques
Les horaires
♦ 16 septembre > 30 juin
10 h > 12 h 15
14 h > 17 h
Fermeture de la billetterie à 16 h 30
Attention ! Les 24 et 31 décembre, veilles de fêtes de fin d’année, le musée ferme exceptionnellement à 16h, au lieu de 17h. La billetterie est accessible jusqu’à 15h30.
♦ 1er juillet > 15 septembre
10 h > 12 h 30
14 h > 18 h
Fermeture de la billetterie à 17 h 30
Musée fermé le mardi
Musée fermé les : 1er janvier, 1er mai, 1er novembre, 11 novembre et 25 décembre
Tarifs
[ A titre indicatif ]
Billet groupé Musée Magnelli, Musée de la Céramique et musée national La Guerre et la Paix
Plein tarif : 6 €
Tarif réduit : 3 € (seniors, étudiants, groupes à partir de 10 personnes)
Gratuité : Enfants jusqu’à 18 ans inclus, habitants de Vallauris Golfe-Juan, 1er dimanche du mois
Paiements acceptés
Espèces (euros), chèques bancaires (payables en France ou Monaco), CB
Visites guidées et ateliers pour les groupes sur réservation auprès du service des publics
Accès PMR
Le musée national Pablo Picasso, La Guerre et la Paix, est accessible aux personnes à mobilité réduite ainsi qu’une partie du rez-de-chaussée du musée Magnelli, musée de la céramique. Les utilisateurs de fauteuils roulants sont invités à se présenter à l’accueil du musée.