Le musée national Pablo Picasso "La Guerre et la paix"

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Entrée du musée national Pablo Picasso, La Guerre et la Paix, à Vallauris © musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes / Gilles Ehrentrant, 2021

En 1949, la sculpture L’Homme au mouton, offerte par Picasso à la ville, est installée dans la chapelle de l’ancien prieuré : l’idée naît, alors, de peindre ce lieu mais elle n’est vraiment relancée qu’en 1951, lorsque le 70e anniversaire de Picasso est fêté dans la chapelle.

La genèse de La Guerre et la Paix s’inscrit dans un double contexte, politique et artistique : politique car Picasso, alors adhérent au parti communiste, est vice-président du Comité mondial de la Paix et artistique car, comme le critique d’art Claude Roy l’a souligné « Picasso ne serait pas fâché d’avoir son tour ». En effet, les créations de Matisse pour la chapelle du Rosaire à Vence et celles de Chagall pour la chapelle Notre-Dame de Toutes-Grâces d’Assy ont créé une émulation à laquelle prend part Picasso. Cependant, contrairement aux deux peintres, Picasso exclue tout caractère religieux à son projet et conçoit le décor d’un Temple de la Paix.

Si la réalisation est rapide, elle est précédée de 300 dessins préparatoires entre avril et septembre 1952. Picasso réalise son œuvre pour le vestibule de la chapelle, dont l’entrée était, à l’époque, à l’opposé de l’actuelle. Ainsi, le point de départ de l’œuvre se découvre à partir de cet ancien point d’entrée.

Contrairement aux autres peintures « politiques » de Picasso, cette œuvre n’est pas liée à un évènement historique précis mais elle s’inscrit dans une certaine intemporalité. Dans un premier temps, le visiteur voit la Guerre, personnifiée par une figure anonyme qui est la première image qui s’est imposée à Picasso, celle de « la course dégingandée et cahotante d’un de ces corbillards de province » (La Guerre et la Paix, Claude Roy, 1954, éditions Cercles d'Art). Le Guerrier de la Paix, portant les attributs de la Justice, stoppe cette avancée. Sur son bouclier, est peinte la colombe, dont Picasso avait fait sur les affiches des mouvements pour la paix le symbole communiste de la Paix, avant qu’elle n’en devienne le symbole universel. Sous la colombe, se devine en transparence, le Visage de la Paix, celui de Françoise Gilot qui a été recouvert d’un glacis semi-transparent. Ce personnage marque la transition entre les deux panneaux. Dans le second panneau, la Paix, est dans un premier temps, représentée comme la reprise de la vie : la mère allaitant son enfant, le feu qui nourrit, la création / l’écriture, en opposition dans les thèmes et dans le traitement pictural avec les figures du panneau de la Guerre. Picasso, avec la Paix, craint de tomber dans la banalité. C’est pourquoi dans la seconde partie du panneau, la Paix est représentée comme une utopie mais une utopie qui repose sur un équilibre fragile.

La Guerre et la Paix est composée de 18 panneaux d’isorel, vissés sur un berceau-armature en bois courbe. L’isorel a été choisi pour ses qualités de flexibilité. Un échafaudage avait été mis en place au Fournas, son atelier de peintures et sculptures, pour peindre les panneaux à plat. L’œuvre est achevée en décembre 1952 mais elle ne sera définitivement installée dans la chapelle qu’en 1954. En effet, en 1953, l’ensemble des œuvres « politiques » (Guernica, 1937 ; Le Charnier, 1945 ; Massacre en Corée, 1951) de Picasso sont exposées en Italie. En 1956, Picasso offre les panneaux à l’Etat français. L’année suivante, la chapelle devient musée national. Les Quatre parties du monde, panneau peint au fond de la chapelle devant l'accès à l'ancienne porte d'entrée, a été réalisé en 1958 puis installé définitivement en 1959, quelques jours avant l'inauguration officielle.

Dernière œuvre politique de Picasso, La Guerre et la Paix est une œuvre éminent expressive mais elle est également une œuvre picturalement très aboutie dans laquelle Picasso, avec une maîtrise parfaite de son art, joue sur les effets de matité et transparence ainsi que sur la technique des gouttes et giclures en opposition avec la notion du « bien-peindre » de la Renaissance.

Visite virtuelle de la chapelle et du chef d'oeuvre pacifiste de Pablo Picasso, "La Guerre et la Paix".

Cette visite immersive, tout à fait unique, a été rendue possible grâce à la numérisation intégrale du musée national Pablo Picasso, "La Guerre et La Paix". Par un travail minutieux de captation, rassemblant des vues 3D en haute résolution et des photos 360°, vous pouvez vous embarquer de manière immédiate pour un voyage numérique et ludique à la (re)découverte non seulement de l'architecture romane de la chapelle mais aussi du décor peint monumental de Picasso. La visite en ligne est complétée de contenus pédagogiques interactifs permettant une lecture inédite de l’œuvre, au plus près des détails de la peinture picassienne. Tous les contenus, illustrés, sont accessibles en français et en anglais.
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